3 méthodes pour développer les compétences relationnelles en maternelle

Afin d’animer les enfants en maternelle au programme « Graines de médiateurs », les formateurs utilisent 3 méthodes spécialement adaptées aux 3-6 ans. Elles permettent d’attirer l’attention des enfants tout en leur apprenant les habiletés sociales de base, socle de la vie en société.

Les marionnettes

L’école des étoiles, Marchienne-au-Pont, 9h, classe de 1ère maternelle. Assis en cercle, les enfants sont prêts pour l’atelier « Graines de médiateurs ». La séance démarre de façon rituelle par le bâton de pluie qui annonce l’arrivée de Loulou (un loup) et Gigi (une girafe), deux marionnettes qui vont jouer un petit scénario introduisant le thème du jour. Aujourd’hui, c’est la demande qui va être travaillée.

La girafe : « Bonjour les enfants ! Regardez ce que j’ai reçu… (La girafe sort un foulard de sa valise). Il est beau, n’est-ce pas ? »

Le loup arrache le foulard des mains de la Girafe.

La girafe dit au loup : « STOP ! » (Rappel aux enfants d’une compétence vue précédemment : quand on n’est pas d’accord, on peut dire STOP à l’autre)

La girafe demande aux enfants : « Comment peut-on faire si l’on veut quelque chose que l’autre a ? »

Les enfants : « Demander. »

La girafe : « Qui veut bien montrer au loup comment il demande pour avoir un foulard ? »

La trame des histoires liées aux marionnettes est simple : la girafe va accueillir le loup dans son école (« l’école du cœur »). En effet, le loup est bien démuni et se retrouve souvent seul à cause des comportements qu’il a en groupe. Quand il n’est pas d’accord, il tape, mord, insulte, griffe… Le loup ne sait pas comment il peut faire autrement ! Au fil des séances, les enfants vont pouvoir s’identifier au loup et « grandir » avec lui.

Les marionnettes permettent de capter l’attention des enfants pour leur apprendre les compétences sociales comme dire STOP à l’autre, prendre contact avec l’autre (observer, dire bonjour, demander…), gérer des conflits.

Celles-ci permettent aussi d’ancrer les compétences vues. J’ai été par ailleurs très surprise de constater qu’en deuxième maternelle, les enfants – qui ont eu les ateliers l’an dernier – se rappelaient tous des marionnettes et de l’habileté à dire STOP.

Les chansons

Par la répétition et le plaisir qu’ont les enfants avec la musique, les chansons permettent de « remettre des couches » sur les notions abordées.

Voici la chanson de nos deux marionnettes (cf. premier point de l’article), que les enfants maitrisent déjà après quelques ateliers :

« Bonjour, les amis, bonjour

Coucou, je suis le loup

Si je ne suis pas d’accord,

Je frappe et puis c’est tout »

« Bonjour, les amis, bonjour

Coucou, je suis la girafe

Si je ne suis pas d’accord,

Je le dis simplement : STOP »

L’institutrice me rapporte qu’elle a observé dans la classe quelques enfants pouvant dire STOP spontanément à un copain lorsqu’ils n’étaient pas d’accord avec son comportement. Elle-même les incite à utiliser ce STOP lorsqu’un enfant ne se « défend » pas ou que les élèves viennent rapporter. Les enfants y gagnent en autonomie et en confiance en eux. Mine de rien, ils apprennent la première étape de la médiation (pouvoir arrêter le conflit, se calmer).

Les jeux corporels

Les enfants apprennent par le corps en mouvement. L’idée est d’apprendre directement les nouvelles compétences, dans le jeu, en bougeant.

Prenons un atelier spécifique, dans lequel les enfants vont demander à l’animateur un foulard chacun à leur tour. Chaque enfant est félicité pour la demande faite, même si elle est partielle, à cause des difficultés de langage que les enfants rencontrent. Quelle fierté sur les visages ! Sur la musique, les enfants vont pouvoir danser avec leur foulard de manière créative avant d’être invités à échanger leur foulard avec un autre enfant. Pour certains, c’est difficile ! Difficile de demander : oups, Simon arrache le foulard à un enfant. Pour d’autres, difficile d’accepter de donner son foulard. C’est l’occasion pour les enfants d’imaginer des solutions lorsque l’autre refuse leur demande (demander à quelqu’un d’autre, revenir plus tard…).

Enfin, les enfants reviennent s’asseoir sur un banc dans le cercle. Un foulard va passer de main en main pour « taper sur le clou » (apprendre à donner et recevoir).

Pour conclure

Grâce à la merveilleuse plasticité du cerveau des enfants en jeune âge, ceux-ci apprennent vite, via les chansons, les marionnettes et les jeux en mouvement. Par ailleurs, l’apprentissage va surtout s’opérer dans le quotidien si leur instituteur ou institutrice rappelle les compétences au quotidien : « Non, tu ne peux pas taper ! Comment aurais-tu pu faire autrement pour avoir l’auto de X ? » ou encore « Que peux-tu dire à X quand il te pousse ? ». La formation des enseignants est une étape fondamentale dans ce processus.

Petites graines de médiateurs… deviendront grandes !