« Transmettre, apprendre : pourquoi, comment ? ». Compte-rendu de l’intervention de Julie Duelz intitulée « La citoyenneté : quelle transmission de cette « mission » ? ».

Julie Duelz est Formatrice à l’Université de Paix, Coordinatrice du programme de développement des habiletés sociales « Graines de médiateurs », Coordinatrice du Brevet d’animateur en gestion de conflits (dans des groupes d’enfants)

Transmettre la citoyenneté

Le constat de Julie Duelz est que les équipes professorales sont en quête de sens et se demandent comment, concrètement, réaliser le troisième objectif du décret « Missions », à savoir « préparer les élèves à devenir des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste, et ouverte aux autres cultures ». Elle rappelle quelques balises : favoriser la participation active pour vivre ensemble de façon harmonieuse, faire prendre conscience des droits et des devoirs de chacun et transmettre des valeurs comme le respect, la justice, l’égalité.

La suite de son exposé se subdivise en trois parties : par rapport à la citoyenneté, que transmettre, comment le transmettre et enfin à qui?

Transmettre la citoyenneté, oui, mais quoi ?

Quatre axes, quatre rouages qui s’articulent, sont à travailler dans les écoles. Le premier concerne le vivre ensemble : il s’agit d’apprendre aux enfants à passer au-delà de leurs jugements, de leurs stéréotypes, pour jeter des ponts entre eux et créer une cohésion de groupe. Cela commence par des jeux très simples : s’imaginer être un domino et chercher des points communs (un directement perceptible, puis un qui ne se voit pas) avec son voisin de gauche et avec celui de droite, par exemple.

Le second axe est lié à la compréhension du conflit. En lui-même, ce dernier n’est qu’un désaccord, mais il s’agit de le gérer positivement. Différentes attitudes sont possibles (compétition, repli, collaboration et …) et il importe de trouver celle qui est adéquate : aucune solution en soi n’est ni bonne, ni mauvaise… Si la difficulté est surmontée dans le respect de chacun, c’est un pas franchi sur le chemin de la démocratie.

Transmettre la citoyenneté, c’est aussi apprendre à communiquer, et, plus particulièrement, à distinguer les faits des jugements. Sur base d’illustrations, les enfants vont exprimer ce qu’ils voient et prendre peu à peu conscience qu’ils interprètent très souvent. Une fois les faits et les éléments indiscutables repérés, ils cherchent ensemble des hypothèses pour mieux comprendre ce qui est représenté. D’autres jeux sont proposés pour les aider à exprimer leurs émotions : il leur est demandé de traduire par leur visage ce qui émane de celui d’une personne photographiée. Ils se rendent ainsi compte que l’émotion n’est pas perçue par tous de la même façon et qu’il n’y a là rien de menaçant. Petit à petit, les jugements changent et se transforment : traiter quelqu’un d’abruti cause de la souffrance chez l’autre ; par contre, celui qui exprime sa colère ou sa tristesse, puis formule une proposition pour atténuer le désagrément qu’il a subi, progresse dans le domaine de la socialisation.

Le dernier rouage est celui de l’action, par exemple via l’instauration d’un conseil de coopération, qui se tient une heure par semaine et qui assure une gestion démocratique de la vie de classe. Enfant et enseignant ont le même statut : chacun, sur base des faits relevés, peut, par un post-it, exprimer ce qu’il a apprécié ou non… Dans ce cas de figure, il fera une proposition pour un changement.

Transmettre la citoyenneté, comment ?

Des règles de vie sont élaborées. Celui qui en enfreint une est directement confronté aux conséquences de ses actes et aura une sanction réparatrice, prenant la forme d’une action utile tant pour le groupe que pour lui.

Disposer les enfants en cercle permet aussi à chacun de voir et d’être vu de la même manière. La citoyenneté se transmet également au travers d’activités. Le débriefing offre une occasion de parler et de réfléchir sur ce qui s’est passé. Par exemple, un enfant qui n’a pas été appelé lors d’une animation et qui exprime sa tristesse éveille à la conscience de l’autre. Le jeu sera recommencé, mais complété d’une règle pour n’exclure personne. Ainsi émergent de nouvelles normes liées à des valeurs, mais aussi de nouveaux savoirs, savoir-faire et savoir-être.

Transmettre la citoyenneté, à qui ?

Tous les acteurs sont concernés, pas seulement les enfants. Pour arriver à un résultat durable, l’Université de Paix propose des activités d’information et/ou de formation en école destinées tant aux enfants et aux enseignants qu’à la direction, aux parents,… pour développer les savoir-être et favoriser de multiples transferts.

En conclusion

Des valeurs partagées par tous les acteurs, des règles de vie acceptées et vécues par tous, un souci de cohérence… auront sans aucun doute des effets très bénéfiques sur la vie en classe.