Cet article présente plusieurs actions auprès de jeunes menées par l’Université de Paix, souvent en partenariat ou avec le soutien d’autres organisations et institutions. Initialement publié en 2011, il fait le bilan de plusieurs projets.

Promotion d’un guide promouvant la culture de paix dans l’espace francophone : le projet Confejes

Depuis 2000, année proclamée par les Nations Unies « Année internationale de la paix », à travers le monde, des diverses initiatives ont foisonné en faveur du développement d’une culture de paix.

Sur la lancée, la CONFEJES (Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant le français en partage) a initié des rencontres de réflexion sur les stratégies de promotion d’une culture de paix dans les pays membres de la francophonie à travers l’éducation civique et la formation des jeunes à la citoyenneté.

La rencontre, qui a eu lieu du 12 au 22 novembre 2010 à Antananarivo (Madagascar), est la suite logique du travail débuté à Kinshasa (2002) poursuivi à Dakar (2007) à savoir l’édition et la promotion d’un guide promouvant la culture de paix dans l’espace francophone.

Le but que veut atteindre cette production est d’informer les « cadres de la jeunesse » et surtout les jeunes -ces jeunes qui représentent la majorité de la population de l’espace francophone et qui constituent l’avenir du monde- de pratiques participatives les impliquant davantage aux entreprises de développement et de gestion démocratique de la vie collective que ce soit au niveau local, régional, national ou international.

Les objectifs poursuivis par la CONFEJES en proposant cette production sont :

  • d’inventorier diverses expériences culturellement différentes provenant des pays de l’espace francophone,
  • de faire connaître ces supports pédagogiques afin que ces derniers puissent être appris, imités et démultipliés,
  • de les adapter en y puisant les éléments du design pédagogique qui conviennent le mieux aux besoins et réalités des jeunes et d’innover.

Les méthodes pédagogiques ainsi présentées permettent de transmettre aux jeunes des valeurs telles la solidarité, la tolérance, le respect, la non-violence, l’autonomie,… et d’opérer un changement progressif des mentalités… « les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes ; c’est dans les esprits des hommes que nous devons élever les défenses de la paix ».

Ces rencontres ont pour objectifs de :

  • déterminer les besoins et objectifs possibles en matière de culture de paix
  • identifier les caractéristiques des différents types de jeunes
  • déterminer des approches méthodologiques, supports didactiques les plus appropriés aux caractéristiques des types de jeunesse identifiés
  • recenser les ressources existantes
  • identifier des activités et structures extrascolaires susceptibles de servir de cadre de promotion d’une culture de la paix
  • examiner la possibilité d’une insertion de l’ensemble ainsi élaboré dans un projet global de formation ou d’éducation de la jeunesse francophone.

Afin d’atteindre ces objectifs, les experts (dont l’Université de Paix) originaires de pays membres de la CONFEJES ont mis en commun leurs savoirs et expériences en matière d’éducation à la paix et à la citoyenneté et les ont proposés aux responsables malgaches et mauriciens.

Accueil de stagiaires & mise en réseau

La FICEMEA (Fédération Internationale des Centres de Méthodes d’Education Active), en partenariat avec le Conseil de l’Europe, a organisé un séminaire européen sur la question des droits de l’Homme, à Wépion en novembre 2010.

Ce séminaire s’adressait à des jeunes animateurs ou éducateurs européens (8 pays représentés) venus réfléchir à la question des droits de l’Homme dans l’éducation.

Un des objectifs de ce séminaire était de pouvoir partager des pratiques, des valeurs et des réflexions pour que chacun, dans son pays respectif, puisse améliorer, étoffer son propre travail auprès des enfants ou des jeunes.

Au programme, entre autres, a été organisée une rencontre avec des professionnels d’associations namuroises pour présenter leur projet, leurs démarches et méthodes utilisées lors de formations.

Le 29 novembre 2010, durant une demi-journée, l’Université de Paix a accueilli une vingtaine de ces stagiaires pour leur permettre de vivre des activités concrètes et ludiques pour apprendre à mieux se connaître et à mieux connaître l’autre, à prendre sa place au sein du groupe, à mettre des mots sur les sentiments,…

Médiation par les pairs

Au-delà de l’éducation à la gestion positive des conflits, la médiation par les pairs telle que proposée par l’Université de Paix est une éducation au respect et à la citoyenneté pour un changement de mentalité et de société.

  • Accompagner les enfants dans l’apprentissage de la gestion des conflits (programme Graines de médiateurs – médiation par les pairs) – Extrait du rapport d’activités 2009 de la Fondation Bernheim

En 2000, l’Université de Paix réalise un kit pédagogique « Graines de médiateurs… Médiateurs en herbe » (1) et souhaite intensifier la mise en place de ces outils dans les écoles pour y permettre la pratique de la médiation. La formation touche principalement les élèves mais aussi leurs « titulaires de classe », l’équipe pédagogique et si possible les parents.

La Fondation Bernheim soutient ce programme de formation depuis 2007. Il a débuté dans 24 classes de 3ième et 4ième primaires de 11 écoles, officielles et libres, en Communauté française.

Quelques éléments d’évaluation

A la fin de ce programme, les résultats sont probants : dans les classes où les titulaires de classe sont investis, les enfants de 4ième primaire sont davantage capables de gérer positivement un conflit de manière autonome.
En début et fin de programme, les enfants ont été testés. 80% d’entre eux ont progressé dans la différenciation entre un fait et un jugement. Ils ont acquis des capacités à préciser les sentiments réels : cette finesse de langage est un socle important du processus de médiation.
Ils deviennent capables de décrire les conflits en termes de faits plutôt que jugements. Et l’on a constaté une forte diminution des paroles dites à l’autre en termes jugement lors d’un conflit. Les enfants augmentent aussi leur vocabulaire des sentiments et leurs capacités d’écoute.

Enfin, le pourcentage d’issues positives aux conflits progresse de manière impressionnante (de 45 à 72%) avec une donnée qualitative qui est la création par les enfants de solutions gagnant-gagnant en remplacement des issues se contentant de « faire la paix ». Tout ceci amenant les enfants à se déclarer plutôt satisfaits des solutions aux conflits gérés de cette manière.

Le climat des classes est plus serein, les enfants ont acquis le réflexe de stopper le cercle de la violence. Les enseignants, les équipes éducatives et les parents ont été associés au processus d’apprentissage.

Suite aux évaluations positives, la Fondation Bernheim a accepté de continuer à favoriser la réalisation du projet pour 24 nouvelles classes de 13 écoles tous réseaux confondus de septembre 2009 à juin 2011.

Renouvellement et poursuite du projet

La Fondation Bernheim, parce qu’il lui paraît important de continuer ce programme qui touche de jeunes enfants et qui constitue un vrai changement de comportement (remplaçant le rapport de confrontation par un rapport de médiation), a décidé de soutenir le projet pour deux années supplémentaires. L’Université de Paix formera de nouvelles classes durant l’exercice 2011-2013.

Intervenir comme médiateur dans les conflits entre jeunes

La Direction générale de l’Enseignement obligatoire a lancé un appel à projets dans les écoles primaires et secondaires, relatif à la formation d’élèves à la médiation scolaire (Circulaire 3038 du 24/02/2010). De septembre à décembre 2011, une quinzaine d’écoles primaires et secondaires ont choisi l’Université de Paix comme opérateur de formation pour créer des cellules de médiation dans leurs établissements, cellules qui seront cogérées par des adultes encadrants et de jeunes médiateurs.

Face aux incivilités et à la violence auxquelles se trouvent confrontés les établissements scolaires, la formation « Médiation par les pairs » [dans le secondaire : médiation scolaire, médiation entre jeunes (10-18 ans)] peut apporter des réponses. Ses objectifs sont de :

  • Acquérir et intégrer la technique et l’esprit de médiation.
  • Découvrir et renforcer ses attitudes, aptitudes et compétences à être médiateur.
  • Organiser concrètement la médiation au sein de l’école.

Cette formation permet aux membres volontaires de la cellule médiation de s’approprier divers outils dont :

  • Découvrir la médiation, le rôle du médiateur et son cadre d’intervention.
  • S’entraîner à la technique du SIREP :
    • Stopper : gérer les émotions
    • Identifier le problème : exprimer/écouter les faits et les émotions, reformuler les jugements en termes de faits et d’émotions
    • Rechercher des solutions : exercer sa créativité
    • Evaluer l’action : choisir une (des) solutions gagnant/gagnant
    • Planifier l’action : déterminer les modalités d’application de la/les solution(s)
  • Définir les moyens concrets d’organisation de la médiation au sein de l’école (fonctionnement, locaux, missions, planification, diffusion à l’extérieur…).

La méthodologie proposée est active et interactive :

  • Activités concrètes : jeux passant par le corps, activités orales ou écrites, techniques créatives, …
  • Mises en situation : exercices d’entraînement, jeux de rôle, théâtre forum, observation structurée.
  • Partage et échange d’expériences personnelles.

Gestion non-violente des conflits – Algérie

La collaboration mise en place depuis 2006 avec le CISP pour la réalisation du projet « Citoyenneté et reconstruction du dialogue dans les régions de Kabylie et de Boumerdès » se poursuit. Le CISP est le Comité International pour le Développement des Peuples (CISP) est une organisation non gouvernementale européenne née en 1982, dont le siège est à Rome, en Italie. Le CISP réalise, en collaboration avec ses partenaires locaux, des programmes humanitaires, de réhabilitation, de développement et de recherche appliquée dans environ 30 pays d’Afrique, d’Amérique latine, du Moyen Orient, de l’Asie et de l’Europe. Le CISP est présent en Algérie depuis 1984 et soutient des projets dans différents domaines : psychosocial, médical, gestion de l’environnement et de développement.

Après avoir formé une centaine d’éducateurs, enseignants, animateurs, etc. à la gestion positive des conflits et à la communication, le travail de l’Université de Paix porte maintenant sur la formation de formateurs, y compris des accompagnements individuels.

Une quinzaine de personnes issues des groupes formés précédemment suivent ce nouveau parcours.