Jean-Marie Muller, militant et philosophe de la non-violence, est décédé ce 18 décembre. L’Université de Paix salue un ami de longue date qui a marqué un demi-siècle de combat  pour la paix. Il fut un infatigable promoteur d’une non-violence politique dont il a développé le concept non seulement sur le plan théorique et philosophique, mais aussi (surtout) dans sa dimension opérationnelle. Il parlera de l’importance de l’éducation à la non-violence et exposera la stratégie de l’action non-violente (non-coopération, défense civile non-violente, résistance, désobéissance civile, dialogue, négociation, réconciliation, …).  En cette époque d’imprécisions, nous retiendrons son engagement, ses convictions, sa rigueur de pensée dont témoignent ses très nombreux écrits.

« La violence tranche le nœud du conflit, tandis que la non-violence s’efforce de le dénouer »

Dans son Dictionnaire de la non-violence, paru en 2005, Jean-Marie Muller termine ainsi l’article sur la non-violence : « Au-delà des chimères et des illusions de l’optimisme, des résignations et des démissions du pessimisme, la non-violence entretient l’espérance fragile que l’homme peut faire croître, en lui et chez les autres, la vertu d’humanité. Cela donne un sens à son existence et à son histoire. A sa vie. A sa mort même. »

Voici un rappel de son parcours publié ce jour par la revue française Alternative Non-violentes

Décès de Jean-Marie Muller (alternatives-non-violentes.org)

Jean-Marie Muller est né à Vesoul en 1939. Dès 1967, date à laquelle il est encore professeur de philosophie en lycée, il se fait connaître en renvoyant son livret militaire au ministère des Armées qui lui refuse le statut d’objecteur de conscience. Traduit en justice à Orléans avec deux autres officiers de réserve également renvoyeurs de leur livret militaire, Jean-Marie Muller écope en 1969 de 3 mois de prison avec sursis. Ce procès a un écho retentissant dans la presse nationale. Il quitte l’enseignement pour se consacrer entièrement à la non-violence, dans le sillage de Gandhi et de Martin Luther King.

En 1973, Jean-Marie Muller participe au « Bataillon de la Paix » pour protester contre les essais nucléaires français dans le Pacifique, avec le général Jacques de Bollardière, le prêtre Jean Toulat et l’écologiste Brice Lalonde. En 1974, il est la cheville ouvrière de la création du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN https://nonviolence.fr/) avec Jacques de Bollardière et d’autres amis. Il sera porte-parole du MAN pendant de nombreuses années. En 1984, il s’investit dans la création de l’Institut de Recherche sur la Résolution Non-violente des Conflits (IRNC http://irnc.org/) où il sera directeur des études. Avec d’autres chercheurs en non-violence, il participe en 1985 et pendant plusieurs années à un groupe d’étude sur la Défense civile non-violente dans le cadre du ministère de la Défense.

À la fois écrivain et militant, passionné par la philosophie de la non-violence, Jean-Marie Muller a enchainé, depuis les années 1970 et jusqu’à un passé récent, d’innombrables interventions (conférences, émissions radio et audiovisuelles) en France où il voyagera toujours en train, mais aussi en Europe, sur le continent américain et dans le monde arabe où plusieurs de ses ouvrages sont traduits.

Quand la Pologne cherche à se libérer du communisme sous l’impulsion du syndicat Solidarnosc initié par Lech Walesa en1980, le livre de Jean-Marie Muller, Stratégie de l’action non-violente, est traduit en polonais sans que l’auteur le sache, puis imprimé dans la clandestinité à plus de 15 000 exemplaires. C’est cet ouvrage qui a convaincu les militants de Solidarnosc d’employer les méthodes de l’action non-violente qui ont fini par entraîner la chute du régime communiste polonais en 1988.

En 2013, Jean-Marie Muller reçoit le Prix international de la fondation indienne Jamnalal Bajaj pour la promotion des valeurs gandhiennes. Cette juste reconnaissance manifeste combien l’œuvre de Jean-Marie Muller plonge ses racines dans la pensée morale et politique de Gandhi. Jean-Marie Muller a écrit 36 livres sur la non-violence, dont plusieurs ont été traduits à l’étranger. Cette œuvre monumentale fait de lui un auteur incontournable pour qui désire s’opposer aux violences de façon constructive. « La violence n’est jamais la solution, aimait-il dire, elle est le problème. »

Pour lire une biographie de Jean-Marie Muller :  https://alainrefalo.blog/2016/10/18/jean-marie-muller-50-ans-dengagements-au-service-de-la-non-violence/

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Ci dessous, voici une photo de JM Muller (dernier rang un peu à droite) au Liban en Août 2009 lors de la première session académique de l’Université arabe pour la non-violence – AUNHOR https://www.aunohr.edu.lb/en/experience.php