Les résultats présentés ici sont un condensé des premiers retours obtenus dans le cadre de la recherche menée par l'UCLouvain. Une synthèse plus complète sera prochainement disponible.

Description de l’enquête

Cette enquête, menée sur quatre ans dans le cadre d’une collaboration entre l’Université de Paix et l’UCLouvain, avait pour objectif d’évaluer l’efficacité du programme KiVa – Objectif Groupe dans la prévention et l’intervention face au harcèlement scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Les données ont été recueillies via des questionnaires auprès des élèves et enseignant·e·s des écoles participantes.

Résultats

Le programme KiVa – Objectif Groupe a démontré une réduction de 3 % des comportements de harcèlement par rapport aux écoles contrôle (où ce programme n’est pas en place). Cependant, cette diminution a été observée majoritairement dans les classes où au moins 60 % des activités prévues ont été réalisées. Cette réduction, bien que de petite taille, est similaire à celle observée dans les autres pays ayant mis en place et évalué l'efficacité du programme KiVa.  

L’étude a également montré que les outils basés sur les comportements rapportés par les élèves sont plus adaptés pour mesurer l’impact des programmes de prévention et identifier les élèves en souffrance. À l’inverse, des approches basées uniquement sur une définition globale ou rapporté par les pairs se sont révélées moins efficaces pour prédire leur bien-être.  

Des facteurs tels que les normes de classe, les attitudes des élèves et les réactions des enseignant·e·s jouent un rôle important dans la réduction des comportements de harcèlement.  

Implications pratiques

Pour améliorer l’efficacité du programme KiVa – Objectif Groupe, il est essentiel de l’adapter aux besoins spécifiques des écoles. Cela peut passer par une évaluation préalable des actions déjà mises en place contre le harcèlement dans chaque établissement. Une telle démarche permettrait de valoriser les efforts existants et de montrer aux enseignant·e·s qu’ils ne partent pas de zéro. Cette approche favoriserait une meilleure intégration des activités KiVa – Objectif Groupe dans les pratiques quotidiennes et renforcerait l’adhésion des équipes éducatives.

Par ailleurs, il est crucial de créer des espaces où les enseignant·e·s peuvent partager les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre du programme. Ces échanges, qu’ils soient individuels ou collectifs, offriraient des opportunités de co-construction de solutions avec les formateur·trice·s et chercheur·euse·s responsables du programme. Cela pourrait également renforcer leur sentiment de soutien et d’implication dans le projet.

Un effort particulier doit être porté sur la formation des enseignant·e·s pour leur fournir des outils concrets et efficaces. Par exemple, des méthodes comme celle des préoccupations partagées ou du groupe de soutien, qui ciblent à la fois les auteurs et les victimes, pourraient être intégrées dans les formations. Ces approches permettent d’intervenir de manière équilibrée et durable, en évitant de se focaliser uniquement sur les victimes ou d’adopter des mesures punitives envers les auteurs.

Enfin, il est important de mettre l’accent sur des activités visant à corriger les perceptions biaisées des élèves concernant les attitudes de leurs pairs vis-à-vis du harcèlement. Ces activités, déjà présentes dans le programme KiVa – Objectif Groupe, pourraient être renforcées pour mieux aligner les normes de classe sur des attitudes anti-harcèlement. En outre, l’exploration d’autres facteurs comme le désengagement moral pourrait enrichir les stratégies proposées pour prévenir les comportements de harcèlement et maximiser les résultats obtenus.

Perspectives

Les effets observés après une seule année de mise en œuvre indiquent qu’une période d’application prolongée pourrait produire des résultats plus substantiels. Des recherches futures devraient évaluer les effets du programme après plusieurs années pour mieux comprendre les mécanismes qui expliquent son efficacité.  

Certaines hypothèses pourraient également être explorées, notamment l’influence de concepts tels que le désengagement moral. Ce mécanisme cognitif, qui permet aux élèves de justifier leurs comportements de harcèlement, est régulièrement évoqué dans la prévention et pourrait être une clé pour améliorer les résultats du programme.  

Enfin, les analyses montrent que la réaction immédiate et systématique des enseignant·e·s aux incidents de harcèlement est associée à une réduction de ces derniers. Renforcer les outils et formations des enseignant·e·s pour intervenir rapidement pourrait donc améliorer l’efficacité globale de KiVa – Objectif Groupe.  

Les résultats de cette étude soulignent l’importance d’une mise en œuvre adaptée, prolongée et soutenue du programme, tout en tenant compte des besoins des équipes éducatives et des spécificités des dynamiques scolaires.

Petit mot du chercheur, Charlie Devleeschouwer :

« Il est important de souligner que les résultats sont principalement basés sur les analyses des questionnaires soumis aux élèves et au corps professoral des écoles participantes. Dès lors, toutes les interprétations des résultats obtenus doivent être complétées avec les perceptions de l’équipe pédagogique de l’Université de Paix ainsi que celle des équipes éducatives afin d’obtenir la vision la plus complète sur ce projet. »

Bon à savoir :

Ce résumé vise à être le plus compréhensible et vulgarisé possible. Pour les personnes désireuses d’en savoir plus, l’intégralité des détails techniques et des références bibliographiques se trouve dans le manuscrit final de la thèse de Charlie Devleeschouwer sous la promotion de Benoît Galand et Chloé Tolmatcheff. Une synthèse sera prochainement disponible.