Depuis 1977, l’Université de Paix est membre de la Confédération des Organisations de Jeunesse (COJ). La COJ est un organisme confédérant 36 organisations de jeunesse, toutes pluralistes et indépendantes. Celles-ci sont actives dans des domaines très divers : séjours de vacances, politique de jeunesse, animation, hébergement, échanges internationaux, environnement, information, loisirs actifs, médiation, formation…

Nous vous emmenons à la rencontre de sa Présidente, Semra Umay, directrice au C-Paje (Collectif pour la Promotion de l’Animation Jeunesse Enfance). Cette asbl réunit actuellement plus de 150 structures affiliées, plusieurs centaines de travailleurs et des milliers d’enfants et de jeunes. Ces structures aux identités multiples sont reliées par la volonté commune de mener un travail d’animation visant à l’épanouissement culturel et social d’enfants. Diverses activités et services sont proposés à ces professionnels de l’animation (formation, information, projets collectifs, promotion, etc.).

Entretien avec Semra Umay

Bonjour, Semra. Si nous te demandons de te présenter en quelques mots, que dirais-tu ?

Je travaille dans le secteur de la Jeunesse depuis bientôt 20 ans. Déjà !

C’est presque par hasard que j’ai commencé ma vie professionnelle dans une maison de jeunes liégeoise. Ma formation me destinait à enseigner. Si j’avais un bagage utile pour assumer mes fonctions d’animatrice et de coordinatrice, je manquais aussi d’une série d’outils d’analyse et de compréhension des enjeux d’une politique culturelle pour la Jeunesse. Sans parler des particularités du fonctionnement associatif dans lequel je débarquais littéralement.

Habitée par une confiance en tout (qui me sidère aujourd’hui), soutenue par la formation continuée ainsi que le réseau associatif, j’ai pu enrichir et changer mes représentations et pratiques.

L’expérience extraordinaire tant au niveau professionnel que personnel à la maison de jeunes a été suivie par celle de C-paje, organisation de jeunesse tout comme l’Université de Paix d’ailleurs. J’ai changé d’association mais je suis restée dans le même univers : celui de l’animation Enfance et Jeunesse avec en plus celui de la formation continuée des animateurs.

C-paje est membre de la COJ, Confédération des Organisations de Jeunesse indépendantes et pluralistes. J’en suis effectivement présidente et cela, depuis 3 ans.

La COJ a été fondée en 1975, quels ont été et sont aujourd’hui ses objectifs ?

La COJ est née après son ancêtre, la Fédération des Services et Mouvements Indépendants (SMI) créée en 1971.

La COJ s’est créée autour de valeurs philosophiques telles que l’indépendance et le pluralisme pour faire contrepoids aux confédérations marquées politiquement. Ses objectifs actuels et passés restent inchangés. Il s’agit de promouvoir la place effective des jeunes dans la société dans les domaines sociaux, économiques et culturels… et de soutenir le développement auprès des jeunes des valeurs de solidarité et d’engagement que cela soit au travers des actions des organisations de jeunesse (OJ) membres qu’au niveau de prises de positions et d’interpellations auprès des politiques. Cela se traduit très concrètement par la représentation et la défense des membres de la COJ dans divers instances, la coordination de projets globaux qui réunissent les organisations membres autour d’enjeux qu’elles ont identifiés et enfin, l’organisation et la mise en place de services au bénéfice des OJ membres qui contribuent à la poursuite de leurs buts et au renforcement de leur professionnalisme : information officielle et juridique, communication, techniques liées aux activités des membres, formations,…

Quel(s) rôle(s) joue la COJ dans le développement de la politique de jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles ?

La COJ influence les orientations politiques et pèse dans le rapport de forces qui la met en présence des autres fédérations d’OJ et des politiques.

Si ses avis ne sont pas toujours suivis, ils sont entendus tant au niveau des Cabinets qu’au niveau de l’Inspection et des Administrations.

Tu as choisi de t’investir dans la vie et le fonctionnement de la COJ. Quelles sont les qualités pour être Présidente de la COJ ?

Avant tout, je pense qu’il est important d’avoir du temps pour se familiariser avec les enjeux internes et externes de la COJ : connaître la COJ et avoir une vision globale de ses actions et de ses méthodes est une base importante. Du temps, il en faut ensuite pour les réunions de préparation et de concertation. Comme il s’agit de collaborer étroitement avec la Direction, il y a aussi intérêt à être en capacité de travailler en tandem avec la Secrétaire générale. Ça, je dirais que ce sont les prérequis.

Viennent ensuite une bonne mémoire, la capacité d’articuler et d’anticiper les décisions et donc, une organisation efficace de l’information.

Etre un bon communiquant (prise de parole interpersonnelle et collective) et animateur de réunion sont des atouts presque incontournables.

La patience, un certain sens du recul et la résilience ne gâchent rien.

Je terminerai en soulignant que je n’ai pas toutes ces qualités…

Quels sont les enjeux de ce mandat ?

J’en suis à mon deuxième et dernier mandat qui devrait s’achever mi-2015.

La manière dont les reconnaissances pour la période 2013-2016 se sont passées en 2012 nous ont amenés à organiser un soutien et un accompagnement des associations mises en difficulté pour qu’elles puissent bien évidemment passer le cap de la reconnaissance probatoire. Cela nous rappelle que la COJ doit continuer à être à l’écoute des éventuels besoins et demandes des OJ quant à leur agrément en cours et leur plan quadriennal et de définir le cas échéant des stratégies pour y répondre. La COJ doit rester ouverte aux nouvelles affiliations et au soutien de nouvelles reconnaissances.

2014 est marquée sous le sceau de la communication car c’est l’année de lancement officiel de nos nouveaux trimestriel et site web qui se veulent être plus le reflet de la COJ et des ses membres, plus engagés, plus attractifs, plus en articulation avec les enjeux politiques votés en assemblée générale (éducation permanente, travail international de jeunesse, l’image des jeunes dans les media, l’accès à la culture).

Au niveau de la représentation dite politique, négocier le tournant aux très prochaines élections et tenter un travail de confiance et de respect mutuel auprès du nouveau Cabinet Jeunesse seront à mettre à l’agenda et surtout, surtout, il s’agira de continuer à se mobiliser pour faire barrage aux mesures d’austérité qui frappent le secteur, pour neutraliser les menaces qui pèsent sur l’emploi ACS et APE et pour créer ensemble un plan de relance du non marchand.

Selon toi, que peut apporter l’Université de Paix aux travaux, à la réflexion de la COJ ?

Comme toutes les autres OJ membres de la COJ, sa participation active à la gestion de l’association et à la réflexion, conception, réalisation des actions est essentielle et vient enrichir les points de vue et les prises de position de l’association. Au delà de cela, l’Université de Paix par sa représentante apporte bien entendu sa touche singulière à savoir sa capacité à favoriser un dialogue de qualité et une vision plurielle et complexe d’une situation.

Quel est le meilleur compliment que nous puissions te faire ?

Dans le cadre de mon mandat de présidence de la COJ, si les membres me disaient que mon action rendait les décisions plus transparentes et compréhensibles et qu’ils se sentaient plus conscients des enjeux et plus impliqués dans l’association, cela me ferait très plaisir.

En guise de conclusion… ?

En cette période de début d’année électorale, c’est doublement de circonstances de souhaiter et de revendiquer que la Politique Jeunesse dans tous ses aspects soient au centre des préoccupations des prochaines législatures et qu’elle soit soutenue, renforcée et valorisée.

Merci beaucoup Semra pour cette causerie…

Propos recueillis par Christine Cuvelier, Chargée des relations publiques.