Où Alex tente d’écrire un article sur l’estime de soi des adolescents…

Qu’est-ce que l’estime de soi ? En quoi est-elle importante pour notre qualité de vie  ? Dans notre relation avec les ados  ?

Ça y est, j’y suis en plein… Je veux dire dans la thématique de l’estime de soi (en général). Celle de nos ados, nous allons y venir dans quelques lignes.

Écrire un article –et ce pourrait être n’importe quel texte, rédaction, dissertation, résumé, future élocution ou allocution publique– suscite chez moi une double angoisse : celle de la page blanche et du regard de l’autre.

Quel lien avec l’estime de soi me direz-vous ? Qui plus est avec celle des ados ? Justement, il n’y a pas un lien, mais des liens ! Explications.

Cet article, cela fait un certain temps (ou un temps certain) que je me suis engagé à l’écrire. De fait, je vous l’avoue (mais ne le dites pas à Christine, notre Chargée de relations publiques), je procrastine. Que signifie ce drôle de mot ? La procrastination, c’est « la tendance à différer, à remettre au lendemain une décision ou l’exécution de quelque chose », c’est le fait de remettre quelque chose au lendemain.

Premier lien

La procrastination et l’estime de soi, c’est lié. Avec l’adolescence aussi d’ailleurs. « Suis-je capable d’écrire cet article ? Tellement de gens savants en ont rédigé d’autres avant moi, ne pourrais-je me limiter à renseigner quelques articles ou livres sur la question ? Que vont penser les lecteurs de cette feuille de chou ? A quelle sauce vais-je être évalué ? Et si le retour est négatif, qu’en sera-t-il de mon image ? ». Comme la nomme Marijke Bisschop dans son ouvrage « Ado ! As-tu confiance en toi ? », je suis en train de faire parler Néga. La voix d’un dialogue intérieur négatif, la voix de mes peurs, une voix qui risque d’être limitante et de repousser au plus loin le passage à l’action. Ce phénomène se produit chez les adultes comme chez les ados. Peut-être avec plus d’intensité chez les ados. Cela peut mener à procrastiner donc à ne pas agir, à ne pas oser se confronter à de nouvelles expériences, à de nouveaux savoirs. Et, au plus souvent cela se produira au plus l’estime de soi pourra en souffrir. Je peux m’en vouloir, me dévaloriser, me juger incapable et j’en passe. Le remède : passer à l’action, avancer petits pas par petits pas pour augmenter sa confiance en soi, se féliciter (ou être félicité par des proches) et… laisser parler une autre petite voix intérieure : Posi. Celle-ci encourage, soutient les efforts, la confiance en soi, la conviction que « je peux le faire ».

Par exemple, ce que je pourrais me dire pour cesser de reporter la rédaction de cet article serait : « j’ai tout de même étudié quelque peu la question, j’ai des outils et des expériences dans ce domaine que je pourrais partager avec les lecteurs, ce n’est pas la première fois que je suis amené à rédiger un article ou un texte de ce genre, etc. ». C’est une petite voix qui nous poussera toujours vers là où nous voulons aller. C’est une petite voix qui peut aider à faire grandir la confiance en soi. Imaginez-vous à 12, 14 ou 16 ans. Le cadre : l’école. Pour dans 1 mois, 2 mois ou 15 jours, vous êtes tenus de : (au choix) rédiger un début de roman de science-fiction de 5 pages, prononcer un discours devant toute la classe pendant au moins 3 minutes, mener un débat sur le nucléaire, interpréter une scène de Roméo et Juliette, etc. Qu’en disent Néga et Posi ?

Deuxième lien

Cette activité de rédaction met en jeu plusieurs composantes de l’estime de soi. La confiance en soi : puis-je forger dans mon esprit une prédiction réaliste et ponctuelle quant au fait que je possède les ressources nécessaires pour réaliser cette tâche ? Si oui, alors j’ai confiance en moi. Je vivrais dès lors suffisamment de sécurité intérieure pour me lancer dans cette aventure rédactionnelle. Si je parviens au bout de cette tâche, je vivrais peut-être un sentiment de réussite : « ça y est, je l’ai fait ! ». Et si le retour des lecteurs valide mes choix rédactionnels, je me sentirais compétent pour ce type de tâche. Et je vivrais en toute conscience, la satisfaction de me connaître, sinon de m’être découvert un peu plus qu’hier. Tout est lié. Ainsi l’estime de soi se développe autour de 4 composantes :

  • la confiance en soi (sentiment de sécurité),
  • la connaissance de soi (ou image de soi),
  • le sentiment d’appartenance
  • et le sentiment de compétence.

C’est en développant ces 4 éléments qu’un jour peut-être l’on peut parvenir au SACRE de l’estime de soi :

  • Sécurité
  • Appartenance
  • Connaissance de soi
  • Reussite

C’est dit, ce n’est pas pour autant que c’est simple. Particulièrement, à l’adolescence. Développer de la confiance en soi lorsque l’on vit une période de changements importants, c’est loin d’être gagné d’avance. L’adolescence est un âge bousculé par les transformations du corps (croissance, bouleversements hormonaux et sexuels), devenir pubère, capable de donner la vie, ce n’est pas rien ! D’autre part, l’adolescence, c’est aussi la capacité de réfléchir sur des concepts abstraits et dès lors, de voir la vie et les autres différemment. C’est encore des changements dans l’environnement : le passage à l’école secondaire. C’est enfin une période où, en prenant ses distances avec ses parents, l’adolescent tente de définir son identité propre : Qui suis-je ? D’où je viens ? Où je vais ? Quelle est ma place ? Quelle est ma valeur ? Rien de simple dans ces questions, et bien des préoccupations pour un âge passionné et passionnant.

Comment s’y prendre alors ? Et pour quelle utilité ? Développer l’estime de soi, c’est développer la conscience de la valeur personnelle que je me reconnais dans différents domaines de la vie (physique, intellectuel, social, professionnel, relations affectives et amoureuses, etc.). Il s’agit bien de « conscience » et de « reconnaissance ». Or pour re-connaître, il faut avoir connu, ce qui suppose d’agir, de se frotter à une diversité d’expériences. Et si un ado est conscient de sa valeur personnelle, il pourra plus facilement s’exprimer et s’affirmer, faire des choix personnels, prendre sa place dans un groupe, et se faire respecter en s’opposant aux agressions verbales ou physiques à son égard, tout en ayant du respect pour les autres.

Cela donne envie, n’est-ce pas ? Mais comment s’y prendre en tant qu’adulte en relation avec un jeune ou un groupe de jeunes ?

C’est précisément ce qui me semble difficile à décrire en quelques pages. Néanmoins, en lisant jusqu’ici, vous avez déjà glané quelques informations. Mais comment aller plus loin ?

Je peux évoquer avec vous quelques attitudes fondamentales et vous inviter à trouver d’autres moyens qui vous conviennent : lire et se documenter (voir la bibliographie ci-dessous), suivre des formations, expérimenter de nouvelles attitudes ou manière de communiquer, en parler avec les jeunes que vous côtoyez,…

First of all : en parallèle à toute autre démarche, ayez vous-même une estime de soi juste et vraie ou développez-la ! C’est plus facile de favoriser la confiance en soi d’un ado si moi-même, je vis la confiance en moi en tant qu’adulte ou que je suis en mesure de gérer mon stress.

Ensuite, une citation à transmettre aux jeunes : « Là où sont mes pieds, je suis à ma place ». Amener à prendre conscience que par le seul fait d’exister, j’ai une place en ce monde et je m’affirme. Je peux apporter au monde quelque chose d’unique en étant à la fois semblable et différent de tous les autres. Alors, allez-y, partez à la découverte de vous et des jeunes que vous côtoyez de mille et une façons : en jouant, en créant, en dessinant, en chantant, en expérimentant,… De temps en temps, mettez des lunettes Posi qui valorisent, qui donnent de la reconnaissance sur les qualités, les compétences, les efforts de vos jeunes, qui félicitent, qui encouragent (« Bravo pour ton énergie durant l’entraînement d’aujourd’hui, si tu continues à t’entraîner comme cela, tu feras une belle prestation le jour J ! »).

En effet, la connaissance de soi grandit d’autant plus que le jeune se sent aimé et apprécié, écouté et compris par les adultes. Entre autre, l’écoute et la reformulation sans jugement sont importantes parce que les ados ont tendance à parler pour élaborer leur pensée. C’est en disant qu’ils prennent conscience de ce qu’ils pensent et qu’ils construisent leur représentation du monde, des autres, de la vie. Le fait de reformuler ou d’écouter activement les propos d’un jeune va l’aider à prendre conscience de qui il est et de ce qu’il pense et à poursuivre son cheminement dans la construction de son identité.

Et l’appartenance alors ? Le besoin de sentir rattaché est essentiel à l’adolescence : trouver sa place dans sa famille, à l’école, dans un groupe d’ami(e)s. En tant qu’adulte, parent ou enseignant, nous sommes généralement soucieux que cela se passe bien pour nos jeunes dans les groupes qu’ils côtoient ou qu’ils forment (club de sport, mouvement de jeunesse, maison de jeunes, bande,…). Comment s’assurer de cela ? Parmi d’autres moyens, nous, adultes, nous pouvons favoriser certaines manières de vivre en groupe à l’école ou dans la famille :

  • favoriser l’empathie et la coopération en encourageant le partage et l’aide mutuelle, en leur apprenant à résoudre leurs conflits gagnant-gagnant, en les aidant à devenir plus sensible à l’autre (lorsqu’un jeune peut identifier ses émotions et ses besoins, il peut aussi comprendre que les comportements des autres sont liés à des émotions et des besoins)
  • relier les jeunes entre eux et avec le groupe en réalisant des activités collectives (projets, jeux coopératifs, activités communes, photos de groupe, décoration d’un local,…), en prévoyant un lieu et un temps pour parler avec les jeunes du fonctionnement de la vie du groupe (classe, famille,…), en donnant une place à chacun (via une roue des responsabilités, un rôle tournant, des félicitations, etc.).

Permettre aux jeunes de vivre une vie de groupe, de famille, de classe où s’expérimentent ces éléments, c’est favoriser une manière de vivre et de faire ensemble qui donne et respecte la place de chacun. C’est aussi offrir des modèles de vie de groupe qui influenceront les jeunes dans leur vivre ensemble.

L’air de rien (enfin, j’essaie), j’ai évoqué avec vous des attitudes qui favorisent le développement de l’estime de soi dans 4 directions : confiance en soi, connaissance de soi, sentiment de compétence et sentiment d’appartenance. Ce sont bien des évocations. Pour aller plus loin, je vous invite à consulter les références bibliographiques de cet article. Et, pour terminer, j’ai envie de vous proposer un petit exercice.

Vous souhaitez développer l’estime de soi des jeunes que vous côtoyez et plus concrètement, mettre en place 10 actions concrètes pour favoriser l’estime de soi des ados? Fort bien. Je vous propose alors d’expérimenter la technique des « petits pas ».  Prenez une grande feuille A3, notez l’objectif à atteindre en haut de la page et tracez, dessinez le chemin à parcourir. Ensuite, identifiez une action concrète, précise, atteignable par vous-même, réaliste, en lien avec l’objectif, que vous noterez sur un « petit pas ». Réalisez cette action. C’est fait ? Bravo, vous avez le droit de coller le « petit pas » sur votre chemin. Et ainsi de suite jusqu’à ce que votre objectif soit atteint.

La méthode des « petits pas » vous plait ? Magnifique, sachez qu’elle est applicable avec des ados dans des tas de contexte (école, famille, groupes d’activités, etc.).

Le mot de la fin : « Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas », Lao-Tseu.

Ça me rappelle furieusement le début de cet article, et vous ?

Bonne route !