Le 31 août 2003, Axelle SASSOYE a terminé son détachement pédagogique à l’Université de Paix et a réintégré son école, ses classes dans l’un des athénées de la Ville de Bruxelles.

Découvrez ci-dessous son témoignage, initialement publié dans le trimestriel n°84, en 2003.

Echos de deux années passées à l’Université de Paix

Inscrite au cursus de formations du Certificat de base en gestion positive des conflits interpersonnels, j’ai notamment découvert des techniques de communication, des pratiques relationnelles à appliquer tant dans ma vie privée que professionnelle et une organisation pas comme les autres, cohérente entre ses propos et ses actes c’est-à-dire une équipe soudée, composée d’une dizaine de personnes au caractère différent et bien trempé et travaillant dans une ambiance chaleureuse.

J’ai souhaité faire partie de ce petit monde un peu particulier et aussi approfondir les connaissances dans les diverses thématiques abordées lors des formations du Certificat. C’est pourquoi, j’ai envoyé ma candidature pour un poste de détaché pédagogique qui –chance pour moi- se libérait en septembre 2001 et que j’ai obtenu après avoir passé plusieurs interviews.

Deux ans déjà ! Juillet 2003, j’arrive à la fin de mon contrat qui ne peut malheureusement pas être renouvelé…. Une page qui se tourne, remplie à craquer de souvenirs…

Je n’oublierai certainement pas la première formation que j’ai donnée dans une école primaire de Schaerbeek. Chargée d’un matériel pédagogique, véritable bardât digne d’un légionnaire romain, mallette, photocopies, agenda des formations ponctuelles et sur mesure de l’Université de Paix, balle pour les activités coopératives, rouleau de feuilles,…, je me présente à la directrice qui me conduit au local. Et là, catastrophe ! Je rate une marche, fais un splendide vol plané… et atterris dans la cour de récréation, deux mètres plus bas. Après avoir rapidement soigné mes genoux écorchés, j’assure, vaille que vaille, la formation avec l’une de mes collègues. A la fin de la journée, la douleur devenant insupportable, je passe chez le médecin qui m’envoie directement aux urgences. Diagnostic : une jambe cassé et deux mois de congé forcé !

De retour en janvier 2002, regonflée à bloc grâce au soutien de toute l’équipe, je reprends « d’un bon pied » mon travail de formatrice en gestion positive des conflits…

Le reste de l’année scolaire passe très vite, entre les formations dans les écoles, primaires et secondaires, générales, techniques ou encore dans l’enseignement spécial, et celles que l’Université de Paix propose dans son agenda.

L’expérience ainsi accumulée au cours de ces dix premiers mois me donne plus d’assurance et plus d’aise pour entamer l’année scolaire 2002-2003.

Plusieurs grands projets se réalisent, dont le programme de développement des habiletés sociales construit en collaboration avec Julie Duelz (première partie du programme de formation traditionnellement nommé « Graines de médiateurs ») pour les élèves de 4ème et 5ème années primaires de deux écoles de la commune de Rixensart. C’est pour moi une opportunité de pouvoir suivre un même groupe d’enfants durant huit mois et de me rendre compte de l’évolution du climat de la classe et de l’efficacité ou non des outils que nous développons à l’Université de Paix.

Je me suis donc rendue dans ces écoles à raison de deux séances d’une heure trente par mois. Animation après animation, j’ai pu construire en gérant certains obstacles un climat chaleureux et ouvert et ce grâce aux tours de paroles et au tableau d’évaluation permanente.

Dans l’une des deux écoles, fin juin 2003 s’organise une séance d’évaluation que nous mettons au point avec les enfants des deux classes. Quel succès et quelle soirée ! Plus de 50 personnes sont présentes : enfants, parents et enseignants, tous en cercle, jouant ensemble à ces « fameux » jeux coopératifs … un grand moment !

Un autre souvenir marquant, avec des moments plus difficiles mais aussi plus émouvants : j’ai assuré à la demande de deux assistantes sociales du CPAS de Bruxelles-Ville plusieurs animations dans un atelier sur « les richesses de la différence ».

Chaque mercredi après-midi, durant un mois, je retrouvais, avec les assistantes sociales, une quinzaine d’enfants d’âges différents et d’origines très diverses (marocaine, congolaise, turque, roumaine, tunisienne, russe, polonais). Là encore, après les jeux coopératifs, le tour d’évaluation prenait une place très importante car chacun avait la possibilité de s’exprimer dans un espace de liberté définis par des règles de vie strictement respectées et que chacun a pris et exercé ce droit à la parole. Même les trois petites sœurs roumaines, récemment arrivées à Bruxelles et ne parlant pas français, lançaient un « ça va » ou un « chouette » quand arrivait leur tour… le tout dans un silence quasi magique, contrastant avec les bruits et les cris au moment des jeux.

Je pourrais encore donner d’autres exemples de formations qui m’ont marquée… mais je préfère terminer cette évocation de mon passage à l’Université de Paix par le temps passé au 4, Boulevard du Nord de Namur familièrement appelé « la maison ».

A chaque fois, c’était un plaisir de retrouver les autres membres de l’équipe pour des discussions animées -qu’il s’agisse du boulot ou non, des heures de table aux menus très variés -du plus diététique au plus calorifique, mais toujours dans une bonne humeur sans pareille … ces moments-là non plus je ne les oublierai pas…

Et me voilà en juillet 2003. Je me prépare à quitter l’Université de Paix et à reprendre mes classes en septembre.

C’est pour moi un nouveau départ et un nouveau défi. Ma vision de l’enseignement et du rôle de l’enseignant s’est modifiée : l’une de mes priorités sera de mettre en première position la responsabilisation, l’autonomie et le relationnel des élèves et en seconde les savoirs livresques.

Ces deux années passées à l’Université de Paix loin d’être une fin en soi sont pour moi le début d’une nouvelle aventure…