Du 21 au 28 février 2009, l’Université de Paix a proposé une méharée (circuit à dos de dromadaire ou à pied) dans le désert du sud marocain, une aventure d’éducation à la paix par le voyage. Durant une semaine, Cécile, Lysiane et Frédéric ont emmené 20 jeunes – accompagnés ou non de leurs parents – à la découverte de soi, des autres, d’une région du Maroc, à la rencontre d’enfants d’un autre pays et de leurs modes de vie…

La Caravane du Sud…

Un article rédigé par Bénédicte de Gruben, initialement publié en 2009 dans le trimestriel de l’Université de Paix.

Méharée de l’Université de Paix, « La Caravane du Sud » s’organise pour la troisième année. La caravane passe, les modalités changent, l’esprit reste : une aventure d’éducation à la paix et à la citoyenneté par les échanges expérimentés durant le voyage.

L’un des objectifs est la rencontre, créer des liens entre les participants, les familles, les accompagnateurs, l’école et les associations qui nous accueillent.

Pour l’Université de Paix, un des premiers axes d’éducation à la paix est la connaissance de soi et de l’autre : nos ressemblances, nos différences. Durant une semaine, marcher, vivre sous tente, monter sur les dromadaires, s’allonger sous les étoiles, rire, discuter, pleurer  … permet à chacun de vivre ses limites et offre au groupe de gérer les sensibilités.

Sortir de son fonctionnement habituel ; s’en remettre avec confiance aux guides, aux intendants, aux chameliers, arriver au bout du périple sous le soleil, le vent (et cette année même la pluie) sont autant d’apprentissages, de mini-défis.

Oui, la rencontre est au centre du voyage, au cœur de chacun. C’est dans cet élan que nous emboitons le pas à nos compagnons de méharée, aux guides, aux autochtones. Nous nous ouvrons à d’autres modes de vie, d’autres chants, d’autres mets, d’autres paysages, d’autres habitudes… Doucement, nous devenons « autre ».

Aux abords du désert, à quarante kilomètres de la frontière algérienne, nous atteignons notre objectif : c’est l’arrivée à M’Hamid.

Le village du bout de notre piste s’ensable d’un côté et de l’autre, essaie de sortir de la désertification grâce aux plantations et au tourisme.

Plusieurs tribus s’y sédentarisent et s’y côtoient : Sahraoui, Berbère et Draoui. Cette grosse bourgade s’active derrière ses murs de torchis. Cette année, le 6ième festival international des nomades aura lieu. Les écoles accueillent de très nombreux enfants. Des associations se créent et s’investissent pour l’amélioration de la vie sur place.

C’est l’une d’elles : Almoustakbal (avenir) pour le développement qui nous a reçus. L’équipe de bénévoles (enseignants, comptable, animateurs,…) d’Almoustakbal travaille dans le quartier bas, le plus ancien de M’Hamid et le plus menacé aussi par l’ensablement. Soutien scolaire, activités avec les jeunes après l’école, préservation des traditions (du patrimoine), des chants et de l’environnement, alphabétisation des femmes,… sont autant de projet de cette jeune association.

Almoustakbal accueille aujourd’hui 91 enfants et jeunes et a pour devise « Soyons fiers de notre patrimoine et respectons celui d’autrui ». Ainsi elle a mis en place un projet interscolaire qui permet aux enfants des trois tribus (Draoui, Berbère et Sahraoui) de mieux se connaître et de se respecter.

Pour l’association, la protection de l’environnement reste un point essentiel à développer. Avec les enfants, des campagnes de sensibilisation sont lancées. Le désastre de la gestion des déchets est tel que l’on ose parler d’une goutte d’eau dans l’océan ou d’un grain de sable dans le désert… Enfin leur enthousiasme et leur positivisme sont à la mesure du challenge. Et puis, la méharée nous l’a prouvé : c’est pas après pas que l’on arrive. Alors courage Almoustakbal, avec les enfants tout est possible !

Le jour de notre arrivée au campement, les enfants de l’association accompagnés de leur instituteur sont venus nous rendre visite. Eux « chez nous ». Au programme : présentation, échange, jeux coopératifs.

Le lendemain, l’un des animateurs est venu nous chercher « nous chez eux ». Là aussi au programme : présentation des locaux, des activités, chants, jeux et échange d’adresses,… Nous leur apportons un peu de matériel scolaire. D’un monde à l’autre les richesses divergent et cependant les valeurs sont semblables. Qu’il est bon de créer des liens.

Le lendemain nous repartons bien différents de ce que nous étions au départ. Souvenirs et expériences gonflent nos sacs à… cœur.

Témoignage de participants

« Ce qui m’a frappé: la pauvreté. Ce qui m’a impressionné : les déchets qui trainent près des villages. Ce que je retiendrai c’est que le Maroc est extraordinaire parce que les filles aiment le foot et y jouent bien »

Adrien (10 ans)

« La première impression que nous avons tous eue le dimanche c’est que le changement d’heure était arrivé : je crois simplement qu’il y avait plus de clarté dans notre esprit. Ces vacances ont été un succès pour nous quatre. Les garçons sont prêts à repartir demain dans le désert et ont apprécié la vie de groupe, les contacts avec les animateurs (masculins) et le foot dans les dunes. Nous avons tous été très touchés de rencontrer les enfants dans l’association et cela hors du contexte financier marchand touriste commerce. Je considère ceci comme un réel succès. »

Anne-Michèle, Nicolas (17 ans) , Charline (14 ans) et Guillaume (12 ans)

« Les enfants n’étant pas avec moi cette semaine, je peux d’emblée écrire qu’ils ont été sous le charme du désert et du séjour. Le dimanche ils me disaient déjà : le désert nous manque, il va falloir se réadapter, pfhhhhhhh ».

La maman de Léo (14 ans) et Charlie (10 ans).

« C’était super. J’ai bien aimé l’humour des chameliers et les dromadaires. J’ai aussi bien aimé le feu qu’on a fait avec Nina, Justine et Marina. »

Lucie (10 ans)

« Soleil, sable, palmiers, chameaux et chameliers, magnifique hôtel… c’était superbe ! »

Nicolas (17 ans)

« Du Maroc, nous emportons la liberté que nous procure le désert, la beauté des sourires des enfants, la solidarité de notre groupe, la poésie de nos chants, la richesse de nos échanges. Des mots, des noms et des images résonnent dans nos têtes : Mustafa, Murielle et Nina, Quentin, Rachid, Léo, « Inch Allah », Mahmid, la menthe poivrée (de Cécile), les fleurs de Bach (de Catherine), « Salaam Aleikhum », nos chèches, l’Université de Paix, la poésie de Baptiste, les contes et comptages de Fred, le parachute de Lysiane, les soins réconfortants de Philippe… et les prénoms de tous ceux qui nous ont accompagnés dans cette belle aventure ! Merci »

Marie-France et Philippe

« Liberté, égalité, fraternité. C’est vraiment ce que j’ai ressenti pour tous, là-bas dans le désert.

Loïc (15 ans)

« C’était super chouette, les paysages, les nouveaux amis , voir comment les autres vivent. »

Marina (11 ans)

« J’ai trouvé ce voyage très agréable, très amusant et très chouette au niveau des autres personnes!!! Il y avait évidement quelques petits inconvénients de rien du tout du tout du tout. Un grand MERCI à tout le monde et à très bientôt !!! »

Zohar (11 ans)