Le conflit, facteur de changement

Par Michel Kérouac (Canada), Psychothérapeute, membre de l’Ordre professionnel des travailleurs sociaux du Québec.

Michel Kérouac possède une formation pluridisciplinaire. Il est thérapeute conjugal et familial, superviseur clinicien et formateur. Il a terminé sa formation en psychoéducation en 1973. Fondateur de l’Institut Milton H. Erickson du Québec, il a parrainé six autres Instituts reconnus par la Fondation Milton H. Erickson de Phoenix, Arizona. Chargé de cours dans plusieurs universités, auteur d’articles et de livres dans le domaine de la communication et de la relation d’aide, il anime des formations, conférences et séminaires dans de nombreux organismes et ce, dans plusieurs pays.

Un article initialement publié dans le trimestriel de l’Université de Paix, en 2010.

La métaphore est un outil de communication puissant pour gérer certains conflits. Nous pouvons utiliser la métaphore de l’encadrement des énergies des triangles SVP.

Les énergies conflictuelles peuvent nous aider à grandir, mûrir, devenir plus sage. À l’opposé, nous pouvons aussi glisser dans des formes d’énergies négatives contraires. Alors la violence, la destruction, la rigidité et parfois la fixité peuvent apparaître et créer une sorte de paralysie. Pis encore, d’autres personnes glissent dans des énergies de fuite ou plus sévère celles de négation. Par conséquent, dans ces moments, la liberté « d’apprentis » « sage » est compromise.

J’ai conçu une métaphore en quatre zones pour encadrer des formes d’énergies et ainsi mieux gérer celles reliées aux conflits. Je circonscris ces zones en négatives, en positives, en médiatrices et en intégratives.

Dans ces quatre zones se rencontrent ces énergies et le but ultime est d’arriver à construire une harmonie et une paix intérieure ou plus humblement un petit changement qui peut semer un autre état.

Les paradoxes, les confusions, les amalgames se croisent. Malgré les tensions conflictuelles, des propositions de changements peuvent apparaître. Bref, être Porteur de Sens et de Liens devient une priorité.

Comment j’utilise les quatre zones

Dans la première zone (la négative) : l’on place le cadre des énergies négatives, les peurs non utiles, les conflits non résolus, les confusions négatives, le mal être, le symptôme…

Dans la deuxième zone (la positive) : l’on rencontre le contraire de la première zone avec les antagonismes positifs comme les forces, les confusions positives comme l’humour, les surprises agréables qui nous déstabilisent momentanément et permettent d’intégrer des ressources de changement protecteur.

La troisième zone (la médiatrice) est le lieu et le temps des rencontres des antagonismes négatives et positives. C’est la rencontre de la négociation, de la médiation, de son empêcheur de tourner en rond, de son démineur, de son anti-saboteur, de son sage où se négocient la relativité, l’arbitrage, de son passeur de l’autorité intérieure. Ce « passeur » contacte le pacificateur qui sait utiliser ses tensions pouvant ainsi l’amener à développer la paix intériorisée. Cette paix prime alors sur les formes et les énergies des autorités extérieures vides de protection et de valeurs humaines.

La quatrième zone (l’intégrative) est celle où la personne reçoit par sa construction d’outil sur mesure des réactions et des résultats de ces médiations.

Le SVP

Le SVP (s’il vous plaît) selon la culture prend parfois des sens différents. Au Québec, SVP veut généralement dire que l’on fait une demande avec respect. En Suisse, le SVP peut être aussi utilisé comme une forme de remerciement. En Belgique, le SVP peut être pris comme une question, une interrogation.

Les SVP dans les quatre zones d’encadrement

Dans la première zone d’encadrement

En m’inspirant de l’analyse transactionnelle, j’utilise le SVP du triangle de Karpman ; le Sauveur, la Victime, le Persécuteur. Dans ce triangle, la personne peut se perdre et se placer dans des confusions négatives. Elle peut même changer du rôle de Sauveur en celui de Victime, ou de Persécuteur à Victime. On intervertit souvent les rôles de Sauveur, de Victime, de Persécuteur. A noter que chez certains auteurs francophones on a traduit le terme Sauveur pour Sauveteur sans ces nuances.

Dans la deuxième zone d’encadrement

Pour cette deuxième zone, je m’inspire de mon modèle A.R.T.S. (Accueillir, Reconnaître, Transformer, Séparer) et de mon outil de transformation d’une énergie ou d’une forme en une autre énergie ou forme. J’ai nommé cet outil, le T.P.B. (le Transducteur PsychoBiologique). Je propose d’utiliser dans cet outil trois autres triangles. L’un des triangles est le contraire de celui de Karpman. Un SVP où apparaît le Sauveteur, le Vainqueur, le Pacificateur. Il n’y a pas ici d’interversion des rôles.

Dans le triangle de Karpman, pour gérer le conflit, le Sauveur ne met pas des limites devant ses ressources et les contextes. Il se place dans une relation réflexe sympathique de projection de ses énergies sans les nuancer. Il développe des automatismes réflexes de défense et non de protection. Au contraire, dans ce deuxième triangle, le Sauveteur met ses limites. Il a reçu un entraînement. Il a de l’expérience. Il évite de se projeter sans protection. Il est plus proche de l’empathie que de la sympathie projective sans nuance. Il peut mieux gérer des espaces et des temps pour se protéger ou protéger une autre personne s’il reçoit un mandat d’aidant ou d’enseignant.

Dans la troisième zone d’encadrement

Le S pour le Sage qui propose de sortir la personne de la Survie.

Le V pour insister de vivre des valeurs de Vie.

Le P pour être porteur de Sens et de Liens pour le Pas « sage » à développer.

Dans la quatrième zone d’encadrement

C’est la rencontre des apprentissages des parties (Saines, Victorieuses, Pacifiées) intégrées.

Fin de la métaphore SVP.