L’Université de Paix propose un programme de formation à l’écoute destiné à des jeunes et des adultes volontaires, dans des écoles ou institutions

Par Christelle Lacour

Lorsqu’un ado se sent rejeté parmi les autres jeunes ou qu’il vit du stress, de la colère, de la tristesse à l’école ou à la maison, il hésite parfois à se confier aux adultes qui l’entourent. Une cellule de jeunes écoutants répond à ce besoin chez l’élève en tension de déposer ses ressentis, d’être accueilli dans sa manière de vivre ses émotions et d’être en relation avec les autres.

Dans l’écoute, le jeune offre le miroir empathique de ce que l’autre vit. Il ne s’improvise pas en sauveur, donneur de leçons ou conseiller. Ce n’est pas son mandat, à ce moment-là. Il ne répercute pas non plus la parole de l’écouté auprès des adultes.

Le jeune en posture « écouté » reste autonome dans les pistes de solutions aux problèmes qu’il choisit de confier. L’expression de ceux-ci peut se suffire à elle-même : après avoir été écouté, le jeune peut éprouver un soulagement, lui permettant continuer son chemin plus sereinement. S’il souhaite des solutions, il devrait être plus à-même de les trouver et les mettre en place après avoir clarifié la situation et libéré ses émotions à travers l’écoute.

Le programme

Concrètement, l’Université de Paix propose de former à l’écoute un mélange de jeunes et d’adultes volontaires, et offre aux adultes les fiches pédagogiques leur permettant de former d’autres écoutants au fil des années.

La formation peut se donner en modules séparés, d’une à 4 journée(s), de préférence réparties sur une année scolaire :

Jour 1 : Comment mener une séance d’écoute ? Quel est le mandat de l’écoutant ?

Jour 2 : Approfondissement des compétences en écoute par le dépassement de ses propres difficultés à écouter.

Jour 3 : Déploiement de l’écoute empathique.

Jour 4 : Training intensif avec supervision sur base des cas rapportés par les écoutants actifs.

Dans l’école, les séances d’écoute peuvent se réaliser en solo si les jeunes le sentent, ou par duos d’écoutants, qu’il s’agisse de paires d’élèves ou de duos élève/adulte.

Décodage du langage corporel et des émotions

Lors des ateliers, les écoutants en herbe sont amenés à décoder le langage corporel afin de comprendre les émotions de l’écouté.

Ainsi, par exemple, chaque jeune tire au sort une émotion et dit « Je me sens super bien aujourd’hui » en montrant l’émotion tirée au sort à travers le corps et la voix. A charge des observateurs de décoder s’il s’agit d’une émotion qui se trouve dans la catégorie « joie » (ils mettent alors leur pouce vers le haut), caractéristique de la colère (les décodeurs montrent un poing serré), de la peur (le code est une main ouverte tremblante) ou de la tristesse (pouce vers le bas).

Reformulation du message

Une fois les compétences en décodage corporel affinées, les jeunes écoutants sont invités à reformuler les propos de façon de plus en plus fine, par exemple en synthétisant l’essence du témoignage vidéo d’un ado qui est victime de rejet à l’école.

Ecoute « active »

A cette reformulation de plus en plus efficace et pertinente au fil des exercices est ajoutée l’hypothèse sur l’émotion de l’écouté. Cette dimension rend l’écoute « active ». Concrètement, elle envoie le message à l’autre que l’écoutant tâche de se connecter au vécu profond de la personne qui raconte, à ce qui est important pour elle. L’écoute active est entrainée également sur base de situations fictives, vécues, filmées ou racontées.

Au fil des exercices, ces techniques deviennent de plus en plus habituelles, et donc naturelles pour les écoutants.