L’Université de Paix est en réseau avec divers organismes tant en Belgique que dans le monde. Nous avons l’occasion de croiser régulièrement Daniel Detemmerman et ses collègues du CFA (Centre de Formation d’Animateurs) lors du Salon de l’Education et lors de réunions de travail à la COJ (Confédération des Organisations de Jeunesse)…

Entretien avec Daniel Detemmerman

Initialement parus dans le trimestriel de l’Université de Paix en 2009, ces propos ont été recueillis par Christine Cuvelier.

Bonjour, Daniel. Si nous te demandons de te présenter en quelques mots ainsi que le CFA, que dirais-tu ?

En ce qui me concerne, je dirais que je suis un gars qui, après un début de carrière dans le champ artistique, a compris que ce qui l’intéressait le plus c’était de partager le plaisir de la création. Après avoir animé pendant 7 ans des ateliers de sculpture, de BD, de théâtre et de cinéma dans une institution pour jeunes en difficulté puis dans un centre de post-cure pour toxicomanes, le CFA m’a permis en 1986 de lancer des stages de création de films pour les jeunes et des formations d’animateurs cinéastes. Actuellement je suis directeur du CFA.

Le Centre de Formation d’Animateurs a été créé en 1965 à l’initiative notamment d’Edouard Limbos dont les ouvrages sur l’animation ont beaucoup influencé les pratiques des secteurs jeunesse et d’éducation permanente dans toute la francophonie. Le CFA est une organisation de jeunesse reconnue par la Communauté française, depuis 1974.

Son activité principale est, comme son nom l’indique, la formation des animateurs, mais nous organisons aussi beaucoup d’activités à l’intention des jeunes et en particulier des stages de théâtre et de vidéo. Il nous paraît en effet important de donner aux jeunes la possibilité de s’approprier des langages et de les utiliser pour formuler leur point de vue sur les questions qui les préoccupent.

En quoi consistent les programmes de formation développés par le CFA ?

Notre but est d’outiller les animateurs de manière à ce qu’ils puissent faire face à leurs responsabilités et organiser des activités motivantes et réellement participatives avec leur public. A cette fin, nous avons au fil de notre histoire créé trois domaines de formation :

  • les formations à l’animation de groupe et aux relations humaines, qui comprennent le Brevet d’Animateur en Centre de Vacances (150 heures), un Certificat de Formation à l’Animation de Groupes (100 heures), diverses formations à la communication, au projet ainsi qu’à diverses techniques ou publics spécifiques (jeu de rôle, conte, musique, adolescence…) ;
  • les formations à l’animation théâtrale dont un cycle de formations à la création théâtrale collective (150 heures) et un grand choix de modules plus courts portant sur des techniques ou des publics spécifiques ;
  • les formations d’animateurs cinéastes qui partent du module de base « animateur cinéaste » pour se compléter d’approfondissement tels que fiction, documentaire, reportage, montage, écriture collective de scénario.

Mais notre programme le plus important, c’est la Formation d’Animateurs en Arts du Spectacle. Elle fait appel aux ressources de nos trois domaines de formation pour fournir une solide formation professionnelle d’une durée d’un an à temps plein.

Peux-tu nous en dire plus sur la Formation d’Animateurs en Arts du Spectacle ?

La « FAS », comme nous l’appelons plus familièrement, accueille « 24 FASiens » pour un parcours qui démarre chaque année fin septembre et se termine fin août. Le but est de former de véritables professionnels de l’animation capables d’animer des activités au sein desquelles jeunes ou moins jeunes pourront vivre des expériences collectives de création dans un climat d’ouverture et de coopération. C’est aussi une formation d’insertion socioprofessionnelle. Les deux tiers des participants sont des demandeurs d’emploi en manque de qualification : cette formation doit leur permettre de trouver un emploi. Et, sans entrer dans les chiffres, l’on peut dire que cela marche. De nombreux arrivent à trouver un employeur qui leur permet d’exercer le métier pour lequel ils se sont passionnés.

Au début de la formation, le groupe découvre les activités d’animation et les bases techniques un peu comme les participants aux animations. C’est très ludique et stimulant tout en produisant une dynamique de groupe enthousiasmante. Progressivement, l’on entre dans une phase d’approfondissement au cours de laquelle les stagiaires se préparent eux-mêmes à animer des activités. La troisième partie de l’année, c’est la prise progressive d’autonomie, avec différents stages, la réalisation d’un spectacle, d’un documentaire et d’un travail de fin de formation.

Quels sont les projets futurs du CFA ?

Une grande fête ! La Formation d’Animateurs en Arts du Spectacle entre dans sa 20ème année. C’est un gisement inouï de talents qui n’attend que cette occasion pour se réunir et célébrer dignement cet anniversaire. Une date à retenir : le 13 février 2010.

Si nous te disons « partenariat entre le CFA et l’Université de Paix », que réponds-tu ?

Ca évoque un autre projet important pour nous, celui qui nous donne enfin l’occasion de collaborer avec vous : la production d’un DVD pédagogique sur la gestion de conflit. Qui dit vie de groupe dit coopération, échanges, ouverture, mais aussi souvent conflit. Ce n’est pas un drame, si c’est géré convenablement, l’expression et le travail du conflit sont même enrichissants pour la vie de groupe. Mais le conflit génère tant d’émotionnel qu’il est souvent difficile d’en aborder les véritables enjeux. Un support audiovisuel pour mettre en évidence différents scénarios de conflits nous est apparu, à vous comme à nous, un outil indispensable pour la formation. De plus pour le produire, nous sommes parfaitement complémentaires : le conflit est un thème central pour l’Université de paix, il est une question récurrente dans nos formations et nous avons les compétences théâtrales et vidéo pour la mise en forme. Alors, allons-y !

Concrètement, comment se déroule cette collaboration dans la création de cet outil pédagogique ? Quelles en sont les originalités et spécificités ?

Il y a tout d’abord un travail préparatoire qui rassemble des personnes de nos deux équipes. Dans un second temps, il est prévu d’impliquer les stagiaires de la Formation d’Animateurs en Arts du Spectacle. Cette année, le module de formation à la gestion de conflit sera co-animé par des formateurs de l’Université de Paix et du CFA sur base d’une méthodologie proposée par l’Université de Paix.

Ce module mettra en évidence quelques scénarios–types de conflits. Ceux-ci seront repris dans un module de formation théâtrale et seront travaillés au niveau jeu d’acteurs pour enfin rebondir dans un module vidéo où ils fourniront matière à un exercice de mise en scène, de tournage et de montage. Nous en tirerons une maquette de l’outil pédagogique qui sera ensuite expérimenté en formation par les formateurs de l’Université de Paix.

Sur base du résultat de l’évaluation de ce premier outil, nous en concevrons ensemble un second pour lequel nous remobiliserons les compétences de nos deux organisations.

Au sein de ton organisation, y a-t-il une devise, une ligne de conduite ou de pensée  ?

Sur le plan pédagogique, nous tenons à partir toujours de l’expérimentation et des réflexions des participants sur l’expérience pour construire des compétences. Je pense que c’est ce que le public apprécie dans nos formations : elles sont très concrètes, mais en même temps on apprend à élaborer des compétences de ses propres expériences. Chacun sent sa subjectivité bienvenue et utile aux progrès de tous et c’est motivant, ça donne envie de donner le meilleur de soi-même.

Quel est le meilleur compliment que nous puissions te faire ?

Je suis très gêné quand on me fait un compliment et j’ai tendance à rougir… Ce que je considère comme un compliment non verbal, c’est de voir nos stagiaires se passionner pour le métier que nous leur avons transmis. Ça je n’en rougis pas du tout !

En quelques mots et en guise de conclusion, le mot de la fin pour toi, ce serait…

J’ai hâte d’être dans l’action concernant notre projet commun. Une expérience de partenariat entre l’Université de Paix et le CFA, ça n’a que trop tardé !